Arendonk se situe en Campine et constituait dans le passé un centre important de l’industrie cigarière belge. Un musée témoigne de ce riche passé dans le village.
Le tissage constituait la principale source de revenus des habitants de la localité au 19 ème siècle. Le métier à tisser trônait au centre de nombreux foyers, les familles vivaient du fruit de leur production domestique. C’est à ce titre qu’on trouvait en 1800 une Halle ainsi qu’un marché aux draps d’Arendonk à Anvers.
En 1875, l’avènement de la machine à tricoter sonna le glas des petits tissages familiaux.
Les chaussettes étaient désormais fabriquées à la machine et les habitants d’Arendonk se tournèrent vers la production de cigares. Tout le village apprit à les rouler et on assista à l’éclosion de nombreuses petites fabriques indépendantes. Dès 12 ans, les petits garçons pouvaient s’y mettre. Ils débutaient par apprendre l’ « effeuillage » (soit l’arrachage de la tige et de la nervure centrale du plant de tabac). Une fois cette technique maîtrisée, les apprentis apprenaient à composer les petites « bottes » (préparation de la tripe pour le véritable rouleur de cigare). C’est vers l’âge de 16 ans qu’ils accédaient au statut de rouleur à part entière.
Les rouleurs de cigares étaient payés à la pièce et les apprentis en percevaient une petite partie. En 1885, Arendonk comptait neuf fabriques. Certaines d’entre elles comptaient plus de 100 personnes employées. Quelques marques rappellent cet âge d’or : Karel I, Stompkop, Witteveen, Dante, Jamayca, Gorpi, ALTO, les cigares P.P. Rubens, Verellen, Maes, Cuylits, Ansems et Van de Pas.
La première guerre mondiale porta un coup considérable à l’économie de l’industrie du cigare campinoise. A cause de la neutralité des Pays-Bas au cours de ce qu’on baptisa la « Grande Guerre », nombre de marques de cigares déménagèrent vers des cieux plus sûrs juste au-delà de la frontière. De nouvelles fabriques de cigares furent construites à Reusel, Eersel, Duizel, Eindhoven, Breda … déplaçant ainsi progressivement le centre de gravité de la production de cigares vers les Pays-Bas. Après la guerre, la majorité des rouleurs de cigares partirent y travailler. Heureusement, les taux de change élevés du florin apportèrent une injection financière salutaire aux villages campinois frontaliers.
Après la deuxième guerre mondiale, la mécanisation et la concurrence des pays à bas salaire ont continué à réduire le nombre de fabricants de cigares en Campine. A Arendonk, seule la Fabrique de Cigares P.P. Rubens poursuivit ses activités dans la Torenstraat. L’usine Karel I, qui a entretemps été investie par l’Académie des Beaux-Arts d’Arendonk, témoigne elle aussi de ce prestigieux passé dans le cigare.
La marque de cigares P.P. Rubens existe depuis plus de cent ans. L’usine se trouvait à l’origine dans une version plus ancienne à Tongres, avant d’être déménagée dans un premier temps vers Oud-Heverlee pour aboutir finalement à Arendonk en 1948. Le bâtiment de la Torenstraat date de 1936 et sera agrandi en 1944.
L’histoire du bâtiment débute lorsque la ‘Maatschappij voor Sigarenmakerij Mertens-Deproost’ (Société de fabrication de cigares Mertens-Deproost) décide d’y produire des cigares. Jef Deproost, qui travaillait à ce moment à la Manufacture de dynamite d’Arendonk, décide en 1934 d’aller confectionner des cigares chez Stompkop, l’usine du fabricant Wuyts. Début 1935, il devient fabricant de cigares indépendant et engage cinq membres de personnel. Il y produit la marque ‘Lincoln’ et, avec son associé Henri Mertens, il fait construire pour 110.000 Francs Belges une nouvelle usine dans la Torenstraat. Jef Deproost est arrêté par l’occupant allemand pendant la deuxième guerre mondiale, il réussit à s’évader mais est ensuite repris à la frontière espagnole pour finalement mourir dans un camp de concentration.
En 1948, le bâtiment est vendu à la famille Dederen-Spits qui fabriquait depuis 1907 des cigares à Tongres sous la marque ‘Pierre’ Paul Rubens. Cette famille produisait en outre les marques Rom, Vieux Coffret, Deux Chevaux Dresseurs, De Koolput, Guido Gezelle, Ego Flos et Pax. Au décès de Karel Dederen en 2004, l’usine fut vendue à Ton Buenen. Ce dernier possède sa propre marque Cigares De Hertogh, originaires de ’s-Hertogenbosch où Ton Buenen avait repris en 1995 la fabrique de cigares de Gerard de Graaff. Entretemps, Marc et Anke, main droite de Ton Buenen pendant des années, continuent à la fabriquer avec passion.